- Je crois en Dieu depuis mon plus jeune âge, d’une foi paisible et confortable qui n’avait connu jusqu’alors l’épreuve ni du temps ni du feu. Il m’était aisé de croire que la vie me souriait, de louer la bienveillance divine quand elle me couvrait de bienfaits. Tout était simple jusqu’à ce que la maladie de Thaïs vienne bousculer mon existence comme un chie chamboule un jeu de quilles bien ordonné. Ce jour-là mon horizon s’est obscurci. L’avenir a pris en quelques instants la noirceur inquiétante d’une poisse épaisse. Je ne m’y suis pas projetée. J’ai cessé de regarder au loin, de peur de me perdre. J’ai levé les yeux vers le ciel, j’ai cherché la lumière.
- Dans l’épreuve, dans l’ascension vertigineuse de mon Himalaya, ma foi en Dieu est ainsi devenue ma lanterne, ou plus exactement ma lampe frontale ; celle que les alpinistes fixent autour de leur tête, bien centrée sur leur front pour voir où poser le pied et assurer leurs pas. Cette lampe me permet d’éclairer ma route, de chasser l’obscurité angoissante. Et d’avancer avec confiance. Son rayonnement ne porte pas jusqu’au sommet. Elle dispense sa lumière sur le chemin à parcourir, le pas à pas du quotidien. Pas plus loin. Elle m’invite alors à ne me préoccuper que de la journée qui vient, sans m’inquiéter de ma vie tout entière. Hier était, demain sera, seul aujourd’hui est.
- Malgré ma foi convaincue, je n’ai pas subi l’épreuve avec une docilité apathique. Tant de fois j’ai crié vers le ciel ma peur et mon désarroi, tant de fois j’ai exprimé ma lassitude et ma colère ! Mais pas une fois, non pas une fois, je ne me suis révoltée contre Dieu, ni contre personne d’ailleurs. Parce que je ne me suis jamais demandé « pourquoi ». Non, je n’ai jamais posé cette question aux multiples ramifications : « Pourquoi moi ? Pourquoi mes filles ? »
- J’ai refusé de m’engager sur la voie de l’explication, de la justification. J’ai senti d’instinct que j’allais me perdre avec ces pourquoi. De ce fait, je ne me suis jamais pensé victime d’une injustice, pas plus que je ne me suis sentie coupable d’une faute. Je n’ai pas cherché un responsable à mon malheur. J’aurais pu facilement accuser Dieu de dispenser les épreuves du haut de son nuage. A quoi bon ? Je n’ai pas besoin d’ennemis pour surmonter ma peine. Je veux des alliés, des soutiens. Et Dieu s’avère être cet appui indéfectible.
Un beau texte d’Anne-Dauphine Julliand
- Père Patrice Guerre
- 4 juin 2013
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Auteur de "Deux petits pas sur le sable mouillé", Anne-Dauphine Julliand vient de publier "Une journée particulière" aux éditions des Arènes. Un livre magnifique, dans la suite de son premier livre.
Un extrait de ce beau livre ...
1 réaction
16 février 2014 03:46, par du haÿs
Merci Chère Anne Dauphine, pendant mes deux dernières insomnies j’ai ouvert l’ordinateur et je vous ai vu et entendu (j’avais déjà lu vos deux livres). Vous m’avez redit l’importance de la vie un jour à la fois. La "perfusion" de grâce et d’accompagnement du Seigneur au goutte à goutte. La lumière qui habite votre visage es tune autre bonne nouvelle. Soyez bénie et permettez moi de vous embrasse.
Marie-Emmanuelle
Marie-Emmanuelle