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      Homélie pour le 5° dimanche de carême

Homélie pour le 5° dimanche de carême

Dans sa rencontre avec la femme adultère le Christ dévoile notre tiédeur et révèle son pardon qui engendre à la vie ...


  • Je voudrais introduire cette homélie par la devise de notre nouveau Pape, François, et ainsi rendre grâce au Seigneur.
  • Cette devise est « Miserando atque eligendo »
  • Faire miséricorde : dans la suite du Pontificat de Jean-Paul II qui avait placé la miséricorde au cœur de son enseignement, c’est une attitude pastorale fondamentale, faite de bienveillance pour manifester la paternité de Dieu ; en pèlerinage à Sainte Marie Majeure le Pape François a demandé aux confesseurs d’être remplis de miséricorde … Attitude première et fondamentale pour rencontrer les plus pauvres, ceux que l’on juge si vite …
  • Et eligendo : en choisissant ; l’élection ignacienne est là (le Pape François est jésuite !) ; il faut se déterminer, poser des actes, trancher entre ce qui est de Dieu et ce qui ne l’est pas, avec tous les risques que cela comporte et qu’il faut savoir prendre, avec la « science spirituelle », le discernement que cela exige ; il s’agit de poser des actes.
  • Faire miséricorde et poser des actes …
  • Je pressens fortement que notre nouveau Pape va nous secouer, ne pas nous laisser tranquille, nous engager à la suite de ses prédécesseurs dans une profonde conversion …
  • Nous sommes là au cœur de l’Evangile de ce jour …
  • Faire miséricorde et poser des actes …
  • Nous voici au Temple, de bon matin dit l’Evangile, au sortir de la nuit, des ténèbres, à l’heure où Pierre pleurera son péché, à l’heure où, à Pâques les saintes femmes découvriront que la pierre a été roulée … C’est donc l’heure de la miséricorde, du jour nouveau ; voici que je fais toutes choses nouvelles annonçait Dieu dans le livre d’Isaïe.
  • Nous sommes dans un récit de mort et de résurrection (Jésus s’abaisse et se lève deux fois, verbe de la résurrection), un récit de péché et de pardon d’une intensité dramatique inouïe …
  • En toile de fond de ce Temple le Mont des Oliviers ; le Seigneur y a passé la nuit ; il y sera bientôt arrêté ; il sera arrêté, condamné justement parce qu’il pardonne ; ou plutôt aux yeux de ses détracteurs car il prétend pouvoir pardonner ce que Dieu seul peut faire.
  • Dans ce Temple, comme bien souvent il s’assoit et enseigne  ; et son enseignement sans doute sur la miséricorde se fait acte ; une scène dramatique, de lapidation, au cœur du Temple, se dessine devant lui … Dans la lumière crue du matin, dans la beauté du Temple, tout risque d’aller vite ; une femme a été prise en flagrant délit d’adultère … Elle est condamnée à être lapidée.
  • Miserando atque eligendo : Faire miséricorde et poser des actes …
  • Un cercle d’accusateurs, des hommes de lois, impossible de s’échapper.
  • Derrière la foule, qui regarde, cette foule incertaine, versatile des rameaux, du vendredi saint …
  • Des hommes de lois donc…
  • Des hommes qui ont la loi avec eux, pour eux, qui mettent la main sur la loi, qui veulent se servir de cette loi pour condamner, tuer …
  • Une loi dont ils se servent pour demander, justifier la mort, une loi pour accuser …
  • Une loi pour se montrer fort, puissant, sage, autrement que ce que l’on est et pour dénoncer…
  • Une loi pour condamner une femme, mais aussi un homme, le Christ.
  • Une loi pour mettre la main sur Dieu source de la loi, sur la vie en mettant à mort.
  • Ces hommes de lois, Jésus le sait : ils commettent avec cette loi une forme d’adultère ; en mettant la main sur la loi, en s’en servant pour condamner, écraser, et faire un faux-procès à Jésus pour le condamner, ils sont adultères. Ils font de la loi une idole, un prétexte à leur service et non au service de la vie.
  • Comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’opposer la loi ancienne et la loi nouvelle mais de dénoncer cette main-mise sur la loi pour son service, pour dénoncer ; alors que la loi est là pour la conversion.
  • Cette loi elle les conforte dans leur tiédeur, dans leur manière de vivre ; elle leur assure pensent-ils le salut.

Le Christ, lui, écrit sur le sable …

  • Il s’abaisse une première fois et reste en silence, un silence lourd, pesant … On persiste à l’interroger …
  • Il répond (celui qui est sans péché , qu’il soit le premier à lui jeter une pierre…) puis il se rabaisse à nouveau … Sans défense … Pauvre …
  • Jésus ne regarde pas les pécheurs, ces hommes, cette femme, pour les dénoncer quand tous les regards sont sur la femme pour la mépriser…
  • Il s’en suit alors un silence vertigineux où l’on entend seulement les pierres qui tombent des mains, pierres lâchées comme autant de poids auxquels on renonce, de cette pesanteur qui nous met à terre …
  • Jésus écrit sur le sable … Innocent, fragile au milieu de ces hommes, il prend le risque d’être lapidé ... Il le sera bientôt, non pas lapidé puisque ce n’est pas autorisé par la loi romaine en vigueur, mais mis en croix par ces mêmes hommes … Pour sauver cette femme.
  • Il écrit sur le sable :
  • Non pas une loi pour être complice du péché et tuer, mais une loi vraiment capable de sauver, qui fait vivre.
  • Non pas une loi qu’on n’écoute plus et dont on se sert pour accuser mais une loi pour libérer.
  • Non pas une loi pour se justifier et demeurer tiède mais une loi pour rendre juste et saint.
  • Non pas une loi écrite sur la pierre, extérieure, qui ne nous concerne pas mais une loi intériorisée, fragile, écrite sur le sable, c’est-à-dire au fond des cœurs.
  • Non pas une loi figée sur des parchemins dont nos esprits se servent pour s’endurcir mais une loi habitée par le souffle de l’Esprit, vivante, loi d’amour, en lettres de feu.
  • Non pas une loi interprétée par des hommes qui se prennent pour la loi et qui la déshumanisent mais une loi de Dieu interprétée par Dieu.
  • Non pas une loi pour pousser à la mort mais une loi qui engendre à la vie. Une loi nouvelle.
  • Une fois encore, il ne s’agit pas d’opposer la loi ancienne et la loi nouvelle mais de dénoncer cette emprise adultère sur la loi qui la stérilise et la rend mortifère.
  • Les hommes s’en vont, un à un, en commençant par les plus anciens.
  • Ils n’ont plus à condamner. Ils n’ont donc plus rien à faire, du moins pensent-ils ainsi.
  • Ils considèrent que c’est fini, que ce n’est plus intéressant. La suite de l’Evangile, relisez le chapitre 8 de Saint Jean, nous montre que leur hargne, leur colère et leur décision de vengeance ne fait qu’augmenter …
  • Ils auraient pu, dû, rester devant Jésus et se reconnaître pécheurs ; mais c’est gênant ; alors ils s’en vont discrètement, avec tous les adultères qui habitent leur cœur, autrement plus lourds que les pierres qu’ils laissent …
  • Ces hommes, devant la réalité du péché n’avaient qu’une chose à proposer : la mort … Ils sont sans espérance, déjà morts. Refusant le pardon.
  • La femme, elle, est pécheresse, et elle le sait bien puisque son péché est public ; elle, elle reste près de Jésus, le Vivant. Elle et Jésus en sont étonnés, surpris … J’imagine là un sourire de bonté entre eux deux …
  • Pourquoi Jésus ne la condamne-t-il pas ? Parce qu’il a vu dans le cœur de cette femme qu’elle se reconnaissait humblement pécheresse et qu’elle avait besoin de cet amour de Jésus ; elle ne fuit pas, ne se justifie pas ; elle reconnaît que l’amour de Dieu est plus grand et plus fort et que cet amour, désormais la fera vivre. Il lui est fait miséricorde ; elle posera des actes de vie. Elle est pardonnée et ce pardon lui donnera de pouvoir aimer en vérité, avec un cœur de feu.
  • Jésus, devant la réalité du péché propose non pas la mort mais donne la vie.
  • Ce qui est étonnant, douloureux même, c’est que l’expérience du pardon suppose de toucher l’abîme de son péché ; que ce péché soit grave ou non aux yeux des hommes seule la reconnaissance de mon péché qui est toujours grave me donnera de rencontrer la puissance d’amour du Christ.
  • Là où les hommes enfermaient la femme dans son péché, la confondant avec son péché, Jésus la délivre pour la vie.
  • Jésus ne confond pas le pécheur avec le péché.
  • Jésus ne fait pas une telle confusion : le péché est condamné « Va et ne pèche plus ! » mais le pécheur lui est sauvé.

La loi nouvelle n’est pas là pour traquer le pécheur mais pour détraquer le péché …

Femme où sont-ils donc ?

  • Où est l’amant, où est le mari accusateur ?
  • Où est Adam qui fuit depuis le jardin des origines ?
  • Où sont les pécheurs à qui est proposé le sacrement du pardon ?
  • Où est cette partie de mon cœur qui fuit, même si je me confesse, cette partie de mon cœur qui désespère ou refuse une vraie conversion, cette partie de mon cœur qui ne lâche pas les pierres de la rancune, de l’amertume, de l’égoïsme justifié et entretenu, de l’orgueil qui écrase, de la critique qui tue … ?

Femme où sont-ils donc ? Femme …

  • Cette femme c’est l’Eglise purifiée, et Benoît XVI y a tant travaillé, et c’est l’Eglise toujours en chemin de purification ; cette Eglise que le Pape François veut reconstruire, dépoussiérer comme le choix de son nom nous l’indique …
  • Femme, c’est l’Eglise qui évangélise, qui se soumet à Dieu et proclame sa miséricorde … Va et ne pèche plus ! Va sur les chemins du monde ! Va car le monde t’attend !
  • Alors nous comprenons le cri de Paul :

    « Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière et lancé vers l’avant je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus »


    (Paul aux Philippiens dans la 2° lecture) ; je vous invite à relire ce cri d’amour de Paul dans cette 2° lecture ...

  • « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (1° lecture)
  • Notre nouveau Pape, venu du nouveau monde, avec un nom nouveau, jamais porté par un Pape, sans compter qu’il est jésuite ce qui est nouveau aussi, nous invite à croire à la nouveauté, celle que Dieu veut faire éclore en nos vies.

-* Frères et sœurs pour conclure cette homélie :

  • Est-ce que nous voulons vivre de la loi nouvelle qui nous rend libres pour aimer, la loi du Christ ? Est-ce que notre amour pour ceux qui nous entourent est source de vie, de relèvement ?
  • Ou est-ce que nous condamnons par nos critiques et nos colères, nous condamnant nous-mêmes ?
  • Est-ce que nous aimons vraiment le Christ, nous réfugiant en toute confiance à ses pieds, le contemplant en son silence, celui qui va le conduire à la croix ? Est-ce que nous le prions suffisamment ?
  • Est-ce que nous entendons cet appel du Christ : « Va … » et témoignons sans relâche ?

-* Nous confions à la Vierge Marie la fin de notre carême …

  • Qu’elle nous guide pour sortir de nos tiédeurs, qu’elle prie pour nous pauvres pécheurs et nous conduise vers le sacrement du pardon, qu’elle fasse de notre Eglise, de notre paroisse, de nos familles, de nos coeurs un peuple saint, un peuple nouveau. Amen.

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