- Un homme qui jadis a été enfant,
- un homme qui a gambadé batifolé,
- qui a goûté à la beauté rajeunissante du printemps,
- à la chaleur de l’été,
- à la blancheur silencieuse de la neige en hiver,
- à l’explosion des couleurs de l’automne…
- Un homme qui a senti son corps grandir,
- se fortifier, se muscler,
- qui a éprouvé son embrasement,
- qui a pu peser de son poids…
- Un homme qui a travaillé, rencontré, aimé,
- qui s’est uni à une autre, qui a eu des enfants mêmes…
- Et puis un jour, tout a dévissé,
- l’épreuve a été trop lourde,
- il n’a plus pu faire face,
- une fissure intime s’est développée,
- il a quitté ou il a été quitté par son existence,
- tout s’est effrité, plus rien ne tient...
- Et il s’est retrouvé dans un nouvel univers,
- jeté dans un monde inconnu,
- celui du froid, celui de la nuit,
- celui où l’on perd tout.
- Restent l’alcool, la violence,
- une vie sans logis, sans papier, sans rien,
- une vie où l’horizon c’est la paire d’heures qui vient…
- Une vie qui s’est éteinte en fin de nuit,
- au plus profond du froid,
- lorsque ceux qui ont un logis
- commencent tout juste à sortir de chez eux…
- Et il a été retrouvé là, dur, anonyme, absent, muet,
- il a été enterré, il n’est plus…
- Et pourtant il est enfant de Dieu…
- Et il y a tant de gens qui errent ainsi en nos villes,
- nos villes où nous allons d’un pas pressé vers nos activités, nos petits soucis…
-* Ô Seigneur prend pitié d’eux,
- prends pitié de nous,
- la fraternité s’épuise dans la grande ville
- où nous savons que nous pouvons tomber, dévisser…
- et où nous sommes tous craintifs, anxieux…
- Seigneur, rend nous frères les uns des autres…