- Benoît XVI fête ce mardi son 86ème anniversaire. L
- En cette journée d’anniversaire nous avons choisi de donner la parole à l’un de ses proches : le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne et président de la conférence épiscopale autrichienne. Témoignage recueilli par Hélène Destombes.
- L’intégralité de l’interview :
- Cardinal Schönborn : Mon premier souhait est celui d’un immense merci à Benoît XVI, pour tout ce qu’il a fait pour l’Eglise depuis son plus jeune âge. Il lègue à l’Eglise un immense héritage, une moisson abondante. Je ne suis pas prophète, mais je suis convaincu que l’héritage théologique qu’il nous a donné, qu’il nous laisse, fera partie des très grands maîtres de l’histoire de l’Eglise. Je n’hésite pas à le mettre à côté d’un Saint-Augustin, d’un Saint-Bonaventure et d’un bienheureux John Henry Newman.
- Mon souhait aujourd’hui, pour son 86e anniversaire, est qu’il sente la gratitude du peuple de Dieu pour ce qu’il a été et ce qu’il est à travers son ministère et surtout à travers sa personne, tant aimée et tant vénérée.
- En annonçant sa renonciation, Benoît XVI a déclaré continuer à être présent par la prière. Peut-on considérer qu’il a en quelque sorte un rôle de veilleur, qu’il veille sur l’Eglise avec ce regard bienveillant et cette prière ?
- Je suis convaincu que sa prière a été d’une importance capitale pour nous, les cardinaux qui ont préparé le conclave, pendant les huit jours des congrégations générales et surtout pendant le conclave qui a conduit à l’élection du pape François. J’en suis convaincu et je crois que beaucoup d’entre nous en ont eu une conscience très vive. Je suis sûr que sa prière nous accompagnait, nous soutenait et qu’elle continuera à soutenir son successeur, et avec lui, toute l’Eglise. C’est une présence forte, secrète mais efficace.
- La dernière apparition publique de Benoît XVI remonte au 23 mars dernier. On se souviendra de cette rencontre entre le pape émérite et le nouveau pape. Que vous ont inspiré ces images inédites qui ont fait le tour du monde ?
- Elles continuent de m’inspirer. Comme cette image que je garde sur mon bureau de Jean-Paul II avec le cardinal Ratzinger qui date du début du pontificat de Jean-Paul II, je garde précieusement une image avec moi : cette accolade des deux papes, cette rencontre si belle, si simple et fraternelle, dans la prière et dans l’amitié.
- Pour moi, cette image reste comme une icône de ce qu’est être un disciple du Christ, être dans l’amitié du Christ. Quand il voulait le conduire vers le prie-Dieu préparé pour le pape, le pape François est venu s’agenouiller avec Benoît XVI sur un banc et lui a dit « Nous sommes frères ». C’est ce qui est primordial pour les disciples du Christ, qui a dit : « Un seul est votre maître et vous êtes tous frères ».
- Voilà ce que je souhaite aussi au successeur de Benoît XVI : de pouvoir profiter de cette proximité priante, et pourquoi pas également de cette sagesse, qui est à ses côtés.
- On sent beaucoup cette proximité entre le pape François et Benoit XVI. Depuis le début de son pontificat il y a un mois, le nouveau pape n’a cessé d’appeler à prier pour Benoît XVI. Il est allé le rencontrer à Castel Gandolfo, il lui a téléphoné à plusieurs reprises. Il y a une grande proximité...
- Oui et ce faisant, il nous invite à faire autant par notre prière, notre gratitude, notre souvenir et notre présence auprès de Benoît XVI, autant que possible. Notre cher et bien-aimé pape François l’a fait en premier lorsqu’il est apparu au balcon de Saint-Pierre. La première chose qu’il a faite a été de nous demander à tous de prier pour son prédécesseur, pour Benoît XVI. Je crois que c’est un devoir de cœur, d’amitié, de gratitude que de prier pour lui, dans cette ultime mission qu’il a comme pèlerin – comme il l’a dit lui-même –, comme pèlerin sur cette terre avant de rejoindre l’Eglise du ciel.
