- En ce dernier dimanche de l’année liturgique, l’Église nous invite à célébrer le Seigneur Jésus, Roi de l’univers. Elle nous appelle à tourner notre regard vers l’avenir, ou mieux plus profondément, vers la destination finale de notre histoire qui sera le règne définitif et éternel du Christ. Il était au commencement avec le Père, quand le monde a été créé, et il manifestera pleinement sa seigneurie à la fin des temps, quand il jugera tous les hommes.
- Nous sommes heureux de célébrer notre roi, sa puissance, sa seigneurie, lui qui est l’alpha et l’oméga, en qui tout est récapitulé ; à lui puissance et gloire, honneur et force, à lui la majesté pour les siècles des siècles !
- Il est roi ; vêtu de magnificence lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, oui à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles.
- Nous reconnaissons sa seigneurie dans nos vies, nous déposons devant lui toutes nos petites couronnes de gloire, tous nos orgueils.
- Et ce faisant nous déposons nos couronnes devant un roi en croix, un roi arrêté, insulté, raillé, méprisé. Car nous connaissons bien ce paradoxe, ce roi de gloire, le voici au tribunal de l’histoire dans une question qui nous rejoint tout particulièrement aujourd’hui : Alors, es-tu vraiment roi ? Cette question c’est l’empire romain qui la pose à Jésus, révélant par là-même toute sa fragilité : es-tu vraiment roi demande inquiet Pilate ?
- Jésus répond : dis-tu cela de toi-même …
- Es-tu vraiment mon roi ….
- Mais alors qu’as-tu fait ? Que fais-tu ?
- En ces jours de violence comme tout au long de l’histoire c’est une question que nous posons à Jésus aujourd’hui. Qu’as-tu fait ? Que fais-tu ?
- Si tu es roi, que fais-tu ? Montre-nous ta royauté, ton pouvoir, ton armée !
- Oui, qui est ce roi qui n’a pas d’esclave car il se fait l’esclave de tous ?
- Qui est ce roi qui ne verse pas le sang de ses ennemis car il verse son propre sang ?
- Qui est ce roi qui ne gouverne pas par des lois car sa seule loi c’est celle de l’amour plus encore celle de la miséricorde ?
- Qui est ce roi qui se préoccupe d’un seul homme, qui plus est un malfaiteur quand bien des rois prétendent gouverner des foules et même le monde entier ?
- Qui est ce roi qui se met à nu, entièrement dans la vérité quand le mensonge est l’arme trop habituelle du pouvoir ?
- Qui est ce roi qui est sans palais car toute la terre lui appartient dont le seul trône est la croix ?
- Oui, es-tu roi ?
- Et si tu es vraiment roi, sauve toi toi-même et nous avec … Nous sommes dans le pétrin … Ne vois-tu pas notre monde entraîné dans la violence la pire qui soit car elle enferme chacun dans sa peur et donne de soupçonner chaque individu que nous croisons comme un terroriste potentiel ? Alors que tu veux faire de nous des frères …
- Pilate ne comprend pas : peut-il exister un pouvoir qui ne s’obtient pas par des moyens humains ? Comment comprendre Jésus ?
- Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix » (18, 37).
- Si nous voulons comprendre qui est ce roi, qui est Jésus, il nous faut appartenir à la vérité, c’est-à-dire être en vérité, nus, sans défense, comme la Vierge Marie, la femme aux mains ouvertes, humble car nous recevons tout de Dieu. Alors nous pourrons l’écouter.
- Alors que nous révèle le Christ sur la croix ? Quelle vérité est exprimée ?
- Tout d’abord que d’un mal Dieu peut faire un bien.
- Cela me rejoint particulièrement aujourd’hui : comment moi aujourd’hui, dans ce monde où la violence est présente, où la peur peut prendre en moi, peut qui peut conduire à la désespérance, à l’enfermement, peut-être à la haine, comment moi aujourd’hui d’un mal que je peux subir, mal dont je peux aussi être pour une part complice, je vais permettre à Dieu pour moi puis par là pour ceux qui m’entourent de faire un plus grand bien.
- Le Christ au tribunal de Pilate aurait pu subir le mal ; il a été royal, il s’est livré dans les mains de son Père, il a cru que la fécondité ne venait pas de lui.
- Comment moi aujourd’hui je vais d’un mal tirer un plus grand bien ; réalisant peut-être que je m’étais enfermé dans un certain confort, dans une paix qui rimait avec « que l’on me fiche la paix » alors que la paix est toujours le fruit de la justice et de l’amour ?
- Comment faire pour que l’épreuve, la peur ne m’enferme pas mais me pousse à une vie chrétienne plus authentique, à une conversion dans la prière, à une plus grande force intérieure … ?
- Voilà l’enjeu pour moi … Car seulement en commençant par moi que je peux agir sur ce monde et non l’inverse …
- Cela sans m’appuyer sur mes propres forces : Pierre qui voulait suivre Jésus jusqu’au martyr la appris à ses dépends.
- Voilà ce que Jésus nous demande aujourd’hui en nous parlant de vérité : veux-tu être vrai ou continuer de tricher avec ta vie, vrai par rapport aux exigences spirituelles, à l’appel au don de ta vie, à une vraie vie fraternelle ou ce ne sont que des mots, vrai aussi par rapport à toi-même dans ta pauvreté qui te fait reconnaître que le combat te dépasse ?
- Alors, à la question : "Que fais-tu ?" je découvrirai qu’Il fait tout pour moi ...
- Amen.
