Paroisse Saint-Pothin
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      Le double commandement de l’amour.

Le double commandement de l’amour.

Homélie pour le 31° dimanche du temps ordinaire (année B).
4 novembre 2012.
La vie m’a appris que c’est un peu de temps donné à ma liberté pour apprendre à aimer ...


Frères et sœurs bien-aimés, nous sommes venus nous nourrir de la Parole de Dieu, et celle-ci en ce jour vient nous encourager à aimer, nous demander même d’obéir au double commandement de l’amour, c’est-à-dire qu’elle nous replace dans notre vocation à l’amour.
Elle nous fait entendre cela sous forme de commandement : A mon commandement, aimez ! C’est assez étrange mais sans doute nécessaire pour nous faire réagir … C’est dire que certainement nous avons besoin d’être bousculés ...

« La vie m’a appris que c’est un peu de temps donné à ma liberté pour apprendre à aimer et me préparer à la rencontre avec l’éternel Amour » disait l’Abbé Pierre.

Oui nous avons besoin d’apprendre à aimer ; et cela est bien souvent si difficile ; aimer notre conjoint, notre voisin, celui que nous croisons dans la rue ...

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même nous dit Jésus ...
Mais ne nous y trompons pas, ce commandement est d’abord une réponse à un amour qui nous précède.
Le peuple d’Israël a reçu ce commandement au mont Sinaï après avoir fait l’expérience du salut : ayant été délivré de l’esclavage en Egypte, ayant traversé la mer rouge, il a fait l’expérience d’être aimé.
Et les commandements lui ont été donnés pour qu’il demeure libre.

Cet amour qui nous précède est

  • total, c’est-à-dire que nous sommes aimés entièrement, pour tout nous-mêmes,
  • infini c’est-à-dire sans mesure,
  • et pour toujours. Ces trois qualificatifs de l’amour de Dieu sont essentiels ; notre péché naît d’un manque de confiance en cet amour ; et nous sommes alors tentés de nous rassurer éprouvant un déni de nous-mêmes, cherchant par nous-mêmes à nous prouver que nous sommes aimés … Si Jésus nous commande d’aimer, c’est parce qu’il nous aime totalement, infiniment et pour toujours …

Entrons dans ce double commandement qui n’en fait qu’un ; nous le connaissons par cœur : « Aimer le Seigneur et son prochain … »
Pourtant ce n’est pas si simple …

D’ailleurs le premier commandement n’est pas : Tu aimeras le Seigneur, mais « Ecoute … »

Le double commandement de l’amour commence par « Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique … »
Ecoute : on est loin de la réponse simple attendue par le scribe ; qui dit « écouter » dit accepter de se laisser dérouter, accepter de recevoir chaque jour la parole qui va nous donner d’avancer.
Lorsqu’il s’agit d’aimer, le premier pas consiste à écouter, à se montrer attentif, à prendre du temps, à être disponible. Ecoute !
Ecouter nous décentre de nous même, nous met dans une posture de don réel à l’autre, à Dieu.
Et ce n’est pas facile ..

Ainsi, un jour, un moine, du nom de Macaire, avait un chien qui le suivait partout ; un jour, un paysan lui dit : « Macaire, aujourd’hui ton chien a mangé une de mes poules » Tu fais bien de me le dire, lui répondit le moine, ce soir je ne lui donnerai rien à manger !

Alors, il nous faut écouter vraiment ; les juifs répètent tous les jours ce commandement, le « Shema Israël » et pour le dire, ils mettent un bandeau sur les yeux, pour ne pas voir, pour n’être qu’à l’écoute.

Entrons alors dans ce double commandement qui n’en fait qu’un … Cela nous est difficile de comprendre cela car nous pensons en terme de compétition … Comment aimer vraiment à la fois Dieu et son prochain … ?

L’athée voulant laisser place à la création va refuser de laisser de la place à Dieu.
« Vous croyez en l’au-delà ? dit-il … C’est parce que l’ici-bas vous fait bobo ; vous niez alors la valeur de ce monde … »
La foi exclut la raison pense l’athée …

Le fondamentaliste n’est pas loin alors, prenant la position inverse, repoussant l’homme pour donner toute la place à Dieu ; le fondamentaliste a réponse à tout … l’homme est écrasé …
Combien font 2 plus 2 : ce que voudra le Seigneur …
Ainsi le fondamentaliste et l’athée sont des frères siamois, passant parfois de l’un à l’autre ; notons que l’athée, s’il est vrai avec lui-même, s’il refuse toute idole, toute adoration, même l’idole que peut être l’athéisme va devoir s’ouvrir au mystère et être ainsi dans une attitude d’accueil …
Mais je pense qu’il n’y a ici ni athée ni fondamentaliste …

Nous cherchons de manière légitime à donner place à Dieu et à l’homme, à aimer l’un et l’autre …
Mais attention disons-nous : sans laisser trop de place à Dieu ; trouvant assez vite des excuses nous disant que si nous sommes trop en Dieu cela risque de déranger, de faire mauvais effet, de nous desservir, et aussi de ne pas nous donner de porter un vrai témoignage …
En voulant donner un peu de place et à Dieu et au prochain nous courons vite le risque d’un certain enfouissement et l’agnostique n’est pas loin : celui-ci sait que Dieu existe mais vit comme si Dieu n’existe pas …

Au fond, ce qui unit le chrétien enfoui et l’agnostique ce sont les fameuses valeurs … C’est dire que ce sont les actes qui comptent plus que les paroles, comme si notre parole ne faisait pas partie de nous-mêmes …

Après l’athée et le fondamentaliste qui sont des frères siamois, le chrétien enfoui et l’agnostique forment donc une autre « paire » …
De ce désir d’aimer et Dieu et son prochain l’on en vient à aimer ni l’un ni l’autre, soyons vrais … Le talent est enfoui dans la terre …

Alors comment comprendre ce double commandement ?

Comment accueillir ce commandement d’aimer Dieu de tout son cœur, de toutes ses forces, de tout son esprit et de toute son âme …

Jusque-là nous faisons fausse route car nous pensons le rapport à Dieu et au prochain de manière compétitive …

Or Dieu ne se situe pas sur le même plan …
Parler de Dieu c’est parler de la source …

- * La lumière n’est pas en concurrence avec les couleurs : plus elle se lève et plus les couleurs brillent.

-* L’océan n’est pas en concurrence avec les poissons : plus il s’étend et plus les poissons se multiplient.

-* La sève n’est pas en concurrence avec l’arbre : qu’il s’en laisse pénétrer davantage et sa ramure s’étend, verdoie, fructifie ...

Ainsi est Dieu, lumière, océan, sève …
Et plus encore : serviteur.
Dieu ne situe pas en concurrence avec l’homme mais en serviteur de l’homme ; ainsi l’aimer nous donner d’aimer notre prochain ; et plus nous l’aimerons plus nous aimerons véritablement sa création ; il n’y a aucune limite pour l’un et pour l’autre …

“Un jour, un rabbin demande à ses étudiants : « Comment savez-vous que la nuit est terminée et que le jour se lève ? » Un étudiant propose : « Quand on peut voir qu’un animal au loin est un lion et non un léopard. – Non ! » dit le rabbin. Un autre dit : « Quand on peut dire qu’un arbre porte des figues et non des pêches. – Non ! » dit le rabbin, « c’est quand en regardant le visage de quelqu’un, on peut voir que cet homme ou cette femme est un frère ou une sœur ; jusque-là, quelle que soit l’heure du jour, vous êtes encore dans la nuit. »”

Plus nous aimerons Dieu, plus nous serons dans cette lumière qui nous fera voir dans tout homme un frère, une sœur à aimer, comme lui l’a aimé en allant jusqu’à la croix pour le larron que nous sommes …
Il nous revient juste de l’accueillir, de répondre à son amour, de nous laisser ainsi entrainer pour aimer tout homme, sans aucune limite.

Celui qui nous sauve le Christ n’est pas un homme aussi grand soit-il prophète pour certains ; il est Dieu ! C’est le renversement de l’Evangile : Nous ne sommes pas héros à la suite d’un héros mais des témoins de Dieu qui nous aime et nous sert pour nous entrainer dans le don de nous-mêmes de manière totale, infini et pour toujours !

Le seul péché disait Chesterton, c’est de dire que la feuille verte est grise …
Le seul péché c’est de restreindre ce commandement à l’amour de Dieu et de notre prochain …

Amen.

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