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      Homélie pour le 3° dimanche de carême.

Homélie pour le 3° dimanche de carême.

  • 3 mars 2013

Par Jean-Paul Grouès, diacre.


Jésus est invité à réagir à deux événements, tragiques, récents.

  • Suivant la conception, courante, de la rétribution temporelle, ses auditeurs y voient des châtiments divins tombés sur des pécheurs. Jésus, dans deux déclarations parallèles, rejette cette vue simpliste et erronée : « Non, le malheur fondant sur des personnes ou les atteignant n’est pas une punition de Dieu. » Les causes sont à chercher ailleurs (en l’espèce, la méchanceté d’un tyran, l’incompétence d’architectes ou de maçons irresponsables). Jésus tord le cou définitivement au prétendu lien entre calamité subie et péché.
  • Ainsi dans l’évangile de l’aveugle-né rapporté par St Jean (Jn 9, 2-3) : « Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » Jésus leur répondra : « Ni lui, ni ses parents. »
  • Affirmation qui culminera sur la Croix, Lui, l’Innocent, châtié, écrasé, transpercé.
  • Il y a, dans la réponse de Jésus, dans notre évangile une urgence à la conversion car nul ne connaît l’heure au-delà de laquelle il ne pourra plus rien pour son salut. La mort marque en effet la fin de notre capacité à mettre en œuvre notre liberté pour nous retourner vers Dieu, et nous rapprocher de Lui.
  • La parabole du riche insensé, dans Luc (Lc 12, 16-21) qui se lance à reconstruire des greniers plus grands pour y amasser sa récolte exceptionnelle de blé, se conclue par : « Pauvre fou, lui dit Dieu, cette nuit-même on te redemande ta vie, et ce que tu auras, qui donc l’aura ? »
  • Ainsi quand Jésus, aujourd’hui, répond à ses interlocuteurs par deux fois : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière », Il veut dire : « Si vous ne vous convertissez pas sans attendre, vous risquez de mourir sans avoir eu le temps de revenir vers Dieu ; ni de transformer votre cœur de pierre en cœur tendre et miséricordieux, ouvert à l’Amour de Dieu et à l’Amour de vos frères. N’attendez pas pour « naître à l’Amour » une heure plus favorable : l’heure favorable, c’est maintenant. L’Amour n’attend pas. Choisis la vie, dès maintenant. C’est ici et maintenant qu’il te faut te convertir, revenir à Dieu « de tout ton cœur, de tout ton esprit, de toute ton âme, de toute ta force ». Deux voies s’offrent à toi : la vie ou la mort. Choisis donc la vie. »
  • « A l’instant même, ils ramenèrent leurs barques au rivage et, quittant tout, ils Le suivirent. »
  • A l’instant même, le brillant officier Charles de Foucauld, se mit à genoux, sous l’injonction de l’Abbé Huvelin, et confessa ses péchés depuis si longtemps accumulés – lui qui n’était venu que pour – seulement – trouver quelqu’un avec qui discuter de religion. Le petit Frère Universel, qu’il sera devenu, sera reconnu Bienheureux en 2005 par le Pape Benoît XVI.
  • Renoncer à tout ce qui est stérile dans nos relations aux autres devient urgent. Parce qu’il en va de notre vie : voulons-nous vivre ou mourir ?
  • Certes Dieu ne se résigne pas à la mort définitive du pécheur. Le Vigneron laisse encore une année, et promet de tout faire pour que le figuier stérile change et devienne fécond.
  • L’Apôtre écrira : « Si Dieu patiente, c’est pour que tous aient le temps de se convertir. »
  • D’aucun se croit capable de faire en un instant, le retournement nécessaire et suffisant à son salut. N’est-ce pas ce que croyait l’invité qui s’était faufilé dans la salle de noces, et que le Roi repère (Mt 22,12) : « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noces ? » et de dire aux serviteurs : « Jetez-le dehors, pieds et mains liés. »
  • N’y a-t-il pas là grand orgueil ? Tous les saints ont eu conscience de ne pas avoir trop de toute leur vie pour se laisser « parfaire » par la grâce de Dieu, la grâce sanctifiante que le Christ a gagnée par sa Passion et sa Croix pour nous.
  • Ce serait oublier que la conversion est matrice de la vraie joie. Nous devons bêcher autour de notre figuier pour que dès maintenant il puisse déjà se redresser, quitter ses feuilles sèches, capter le soleil, qui fera monter la sève, jusqu’aux bourgeons, aux fleurs, et aux fruits.
  • « Celui qui a, on lui donnera encore ; celui qui n’a rien, on lui enlèvera même ce qu’il a. » (Mt 13,12)
  • Le bien appelle le bien : avoir goûté à la vraie liberté, celle de ne plus vivre pour soi mais pour servir la joie de Celui qui nous a créé et celle de ceux qui nous sont confiés, avoir goûté à cette libération-là crée la nostalgie d’y revenir, et de chercher à s’y maintenir.
  • La conversion n’est pas d’abord un chemin de peine, de renoncement aride, la conversion est la route de la joie. « Il y a plus de joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. » dit Jésus. Pourquoi une telle joie chez les anges de Dieu ? Leur joie naît essentiellement de ce qu’ils savent que celui qui se convertit quitte enfin les chemins de sa tristesse profonde.
  • Les anges bondissent de joie à la vue d’un homme abandonner ses chemins de non-joie, de non-vie pour renouer avec la liberté procurée par la vérité.
  • Le péché obstrue la relation vitale avec Dieu, crée un fossé entre soi et soi, entre soi et les autres. A preuve, le grand abîme que découvre après sa mort le riche qui aimerait alors tant que le pauvre Lazare, accueilli près d’Abraham, puisse lui venir en aide en le franchissant.
  • Faire la vérité devant Le Seigneur aide à revivre. La vérité rend libre.
  • Pourtant humainement, on panique à l’idée de ne pouvoir tout maîtriser des conséquences de l’acte de transparence, de repentance et de retour à la lumière de l’acte mauvais posé.
  • Ce « respect humain », cette peur à l’idée de dévoiler la noirceur de tel acte, cherche à nous convaincre de renoncer à ce retour à la vérité. C’est un combat spirituel extrêmement douloureux qu’il faut vaincre par la foi. Aucun raisonnement humain n’arrivera à nous convaincre du bien fondé évident de faire la vérité sur un acte mauvais.
  • Seule la foi, seule, peut, doit, nous décider : je poserai un acte de vérité par pur choix de quitter sans tarder et radicalement le mensonge m’enfermant : Les conséquences ? Je ne les maîtrise pas, et elles ne m’appartiennent pas. Je ne peux les maîtriser par mon imaginaire, ou les programmer. Il y a là un saut dans l’inconnu à faire. Saut dans la confiance en Celui qui ne nous abandonne pas, qui n’abandonne pas le pécheur qui se convertit. La paix restaurée au fond de soi sera le signe qui accompagnera l’acte de conversion posé.
  • « Revenez à moi de tout votre cœur. Je suis doux et humble de cœur. La vérité vous rendra libres ! » dit Le Seigneur Jésus. Ezékiel déclarait : « Le juste qui se pervertit, on oubliera même sa justice ; le pécheur qui se convertit, on oubliera même ses péchés et ses fautes. » (Ez 33)
  • Le médecin SS tortionnaire de Maïté Girtanner, lui demande 40 ans plus tard : « Maintenant que puis-je faire ? » - « Aimez à chaque minute, à chaque heure de chaque jour, durant le temps qu’il vous reste à vivre. Aimez. Dieu s’occupera du passé, abandonnez-le Lui, à sa miséricorde, mais vous : AIMEZ ! » lui répondit-elle.
  • Jésus : ton nom signifie « Dieu qui sauve ».
  • Quel Sauveur es-tu ? De quoi es-tu venu nous sauver ? Du péché ? Certes. Mais plus que du péché.
  • L’opération de salut réalisée en Jésus-Christ fait de nous des fils prodigues vivant par, et de la Miséricorde du Père. Conscients de ne pouvoir se tenir debout que grâce à Sa Miséricorde inépuisable, sans cesse redonnée, toujours disponible, fontaine de vie.
  • Jésus est venu nous libérer du non-amour de nous-mêmes engendré par le péché.
  • L’acte mauvais posé a fait certes des victimes. Mais la première victime, qui s’ignore, c’est moi-même. L’acte que j’ai posé – mensonge, méchanceté, etc. – suscite en mon for intérieur un réel dégoût de moi-même, que je peux tenter par des subterfuges d’oublier, de masquer, de nier, mais ce dégoût de moi-même vis-à-vis de moi-même n’est souvent pas effaçable.
  • C’est de cet enfer/enfermement que Jésus est venu nous désincarcérer.
  • C’est cet enfermement, atrocement douloureux pour l’homme pécheur, qui a fait plonger le Fils de Dieu jusqu’à nous. Il a tout quitté de sa condition divine pour voler à notre secours, voyant dans quels filets nous nous débattions. L’homme qui a péché est aliéné par son péché, qu’il en ait conscience ou non, qu’il le reconnaisse ou non. Jésus est venu nous faire expérimenter que nous étions plus que notre péché. Que nous n’étions pas notre péché. Que moi et mon péché cela ne fait pas UN, comme le Tentateur cherche tant à m’en convaincre de façon vertigineuse intérieurement ; pour Jésus mon péché et moi, quel que soit ce péché, cela fait et fera toujours DEUX.
  • Jésus est venu s’interposer, en nous, entre nous et notre péché : « Qui que tu sois, quoique que tu aies fait, tu es plus grand que ton péché », nous dit Jésus. Tu as été créé à l’image de Dieu, et il y a en toi une part irréductible, celle par laquelle tu cries : « Abba ! Père ! »
  • La Bonne Nouvelle est que il n’y a pas de péché que la miséricorde de Dieu ne puisse effacer. C’est cela la Bonne Nouvelle offerte par le Père à travers son Fils.
  • Jésus est venu faire voler en éclats l’étau du péché. Ce qui est le plus grave, ce n’est pas le péché, ce serait de croire que rien ni personne ne puisse m’en libérer.
  • « Je sais que mon Libérateur est vivant ! » (Jb 19, 25.).
  • Jésus est venu redonner l’espérance là où abondait la désespérance due au péché. Il nous a acquis la grâce sanctifiante, fruit de sa Passion et de sa Croix. Tout change à partir de là : la grâce, gratuitement mise à notre disposition, fera son œuvre de sanctification en nous quoique nous ayons fait et où que nous puissions en être rendus. Rien ne pourra s’opposer à son travail de re-Création en nous. Il suffit de lui tendre les bras, ce qui n’est pas sans coûter parfois. C’est la force même du Ressuscité qui se déploiera pour nous racheter, nous laver, nous faire renaître, en nous replongeant dans notre baptême.
  • Oui, Jésus est descendu aux enfers de nos enfermements pour faire sauter chaînes et cadenas de nos fautes et nous annoncer une année de bienfaits, une année de libération : « Je suis venu apporter aux captifs la libération » dit Jésus dans la synagogue de Nazareth.
  • « Rendre la vue aux aveugles » : n’est-ce pas redonner aux pécheurs de voir que malgré tout ils demeurent aimables, irréductiblement aimables, par leur Père dans les cieux, et donc même par eux-mêmes, et par d’autres frères de leur humanité.
  • N’est-ce pas l’expérience de Saul à Damas ?
  • C’est aussi celle de Pierre mais pas celle de Judas.
  • Judas n’a pas cru, après son geste, pouvoir encore être aimé par celui qu’il avait trahi, et qu’il puisse être pardonné. Pourtant, Jésus, lors de l’arrestation, l’avait appelé encore : « Mon ami ».
  • Judas va être pris au piège de son étau intérieur et ne pas réussir à en sortir par lui-même. Seul le Christ a le pouvoir de remettre les péchés.
  • C’est parce qu’il a manifesté ce pouvoir de remettre les péchés – pouvoir reconnu comme étant celui de Dieu seul – que Jésus sera condamné par les chefs du peuple.
  • Pierre, lui, traître aussi, va laisser le regard de Jésus le rejoindre et le transpercer. Jésus lui redit toute sa tendresse, et même son incompréhensible confiance renouvelée. Pierre éclate en sanglots, bouleversé de se découvrir totalement aimé, comme à l’origine, par son Maître et Seigneur.

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  • Qui est le maître de la vigne ? Qui est le vigneron ?
  • Le Maître de la vigne, dans la parabole du figuier, n’est-ce pas le Père ? qui vient voir si ses enfants donnent du fruit.
  • Et Jésus, notre Défenseur, le Vigneron nous défend 1 à 1 devant Dieu le Père en lui disant de prendre patience, que l’homme pécheur finira bien par porter du fruit :
  • « Laisse-moi le temps de dégager les racines de son être profond, et les nourrir du terreau de Ta Parole. Alors il revivra et portera du fruit au centuple. » « Ta Parole saura transformer un figuier stérile en buisson ardent, rayonnant de Ton Amour. »
  • Au début de son pontificat, Benoît 16 disait : « N’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et donne tout ! » Il nous le redit aujourd’hui.

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