Paroisse Saint-Pothin
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      Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ?

Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ?

29° dimanche. Evangile selon Saint Marc 10,35-45.

29° dimanche du temps ordinaire.
Il est si difficile de servir ... Adorer nous rend serviteur ; la rencontre de l’autre nous appauvrit ensuite nous faisant toucher du doigts notre faiblesse ; c’est là que nous commençons alors véritablement à servir : quand nous consentons à notre faiblesse comme lieu de la relation à l’autre ...


Homélie du 21 octobre 2012

Décidément les apôtres ne comprennent rien ! Vouloir avoir un trône dans la gloire, à droite et à gauche du Christ ! Triompher, régner, être devant tous les autres, plus grands qu’eux ! Pauvre Seigneur qui doit supporter ses apôtres ! Pourtant ce n’est pas si mal … D’ailleurs Jacques et Jean deviendront saints ! Je retiens leur grand désir : être les meilleurs ! Et Jésus va les encourager : celui qui veut le premier … celui qui veut être le plus grand …
Au fond, et pour entrer dans les lectures de ce jour, entendons cet appel à un grand désir, celui de la sainteté bien sûr …
Est-ce que nous ne sommes pas souvent marqués par notre tiédeur, nos compromissions, nos manques de désirs … ? Jésus va accueillir le désir de Jacques et Jean et le convertir ; ce désir est essentiel ... Je voudrais commenter le chemin qu’il propose à partir de ce désir en deux temps.

1) En premier lieu, il les invite à servir, à sa suite :

« Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » Que signifie « servir » ? C’est la vocation de l’homme : placé dans le jardin pour cultiver / servir le jardin … Le livre de l’exode est le livre du service par excellence puisqu’il s’ouvre par la situation d’esclavage, de servitude (même mot) que connaît le peuple d’Israël : tout le livre de l’exode va consister à nous dire comment le peuple est passé de la servitude au service, de l’esclavage à la liberté : en s’arrachant à la terre d’Egypte, en suivant Moïse dans la mer rouge par la foi, en recevant les commandements, en étant nourri par le Seigneur et pour les 15 derniers chapitres de ce livre qui en contient 40, en recevant de Dieu le modèle de la demeure qui sera construite à Jérusalem pour le servir, pour l’adorer.

Servir avant tout nous dit l’Ecriture c’est adorer Dieu, c’est ne pas être asservi ni asservir

D’où le commandement central du sabbat qui nous tourne vers Dieu tout en demandant de ne pas asservir enfants, esclaves ou même animaux. Vous voyez qu’ainsi la question du service prend un relief considérable puisque la question n’est plus de savoir si j’ai un esprit de service, c’est-à-dire si je fais ma BA ou si je suis attentif aux pauvres seulement ; mais la question est celle-ci : qu’est-ce qui m’asservit ou qui est-ce que j’asservis … Vous comprenez alors qu’il y a pour chacun de nous tout un chemin pour devenir réellement des serviteurs, pour entrer dans la plénitude de notre identité.

Quelques exemples …

Pour illustrer cela je voudrais décrire des lieux où nous sommes appelés à être des serviteurs …

- En tout premier lieu et vous l’avez compris, par l’adoration : servir, c’est adorer. Sans adoration, je risque vite d’être asservi car nécessairement mon cœur adorera, sans s’en rendre compte, une réalité créée ; l’adoration du Dieu vivant, bien loin de me détourner de tout ce qui est créé va au contraire me plonger dans la source de toute la création et me donner de la contempler avec émerveillement pour la servir. Dans la paroisse nous allons mettre en place trois jours d’adoration : le lundi, le mardi et le vendredi, ainsi que la nuit du vendredi au samedi pour que chacun puisse prendre un engagement, même court, mais fidèle, pour adorer le Seigneur.

Dans cette logique de ce qu’est le service, servir c’est se confesser !

La confession est le lieu par excellence pour renoncer à ce qui m’asservit ou à ce que j’asservis, ce sur quoi je mets la main. Nous ne nous confessons pas assez. Et pourtant cela est tellement source de joie. Pour nous aider à nous confesser nous pouvons par exemple souligner chaque dimanche (ou chaque jour) les paroles de la liturgie qui nous invitent à la conversion et au bout d’un mois relire tout cela et tout simplement se confesser sans dire que nous confessons toujours les mêmes péchés que nous regardons fixement …

Servir alors c’est servir la vérité c’est ne pas être asservi au mensonge. C’est évangéliser … Car évangéliser c’est témoigner de la primauté de Dieu, de la source, de l’absolu … Ce n’est pas tout dire sur le Christ mais avant tout, et cela est simple, qu’il a pour moi la première place, ce qui me rend libre …

Servir c’est ne pas être asservi ni asservir ; adorer, se confesser, évangéliser, autant d’acte qui disent primauté de Dieu et qui me rendent alors serviteurs.

2°) Jésus dit aussi qu’il faut boire à la même coupe que lui …

Qu’est-ce que cela signifie ? Comment cela explique-t-il ce qu’est le service ?

Les apôtres entendent cette question comme une invitation à l’héroïsme, peut-être même à aller jusqu’à mourir avec lui comme nous le rapportera la suite de l’Evangile. Mais ce n’est pas cela exactement que Jésus dit …

Les commentaires de ce passage nous disent que « la coupe « a plusieurs sens :

C’est la coupe de la colère (d’après une citation d’Isaïe)
C’est la coupe de la passion et de la mort, comme on le retrouvera à Gethsémani.
Boire à la même coupe, c’est le signe de la communion.

Je reprends tous ces sens : boire à la même coupe que Jésus c’est entrer dans la faiblesse, le dénuement, la souffrance, l’échec , la sienne et celle de l’autre … C’est rejoindre celui qui est faible, pécheur, déconsidéré, comme le fera Jésus en ayant à sa droite et à sa gauche deux larrons et non les deux apôtres qui voulaient ces places mais qui ont fui … Car de fait Jésus a été dans la boue du Jourdain avec les pécheurs ; il a bu la coupe en étant considéré comme un pécheur. Pour nous c’est si difficile d’accepter la faiblesse, la notre et celle de ceux qui nous entourent, d’accepter de ne plus comprendre ; la faiblesse de l’autre me fait peur, ou elle me tente ; elle me fait découvrir que je suis faible car je suis si incapable de le rejoindre en vérité.

Or nous dit la 2° lecture le grand prêtre que nous avons n’est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses.

Quand je rencontre un pauvre je suis mis à nu devant ma faiblesse, mon incapacité à le servir vraiment, à être « à sa hauteur », c’est-à-dire plus bas que lui … Jésus lui non seulement est avec les larrons, ce que nous savons faire parfois, mais plus encore il est considéré comme eux … Accepterons-nous de boire à cette coupe ?

Alors la rançon qu’il est venu verser (comme le dit la 1° lecture et l’Evangile) ce n’est pas une dette à payer, dette infinie, mais c’est la place même que nous refusons : celle qu’Adam et Eve ont refusé voulant être comme des dieux, celle que Jacques et Jean ont refusé voulant être considérés comme des grands : la dernière, celle du serviteur. Jésus l’a prise et elle est définitivement prise : il n’y aura plus de rançon à verser.

Frères et sœurs, pour être de véritables serviteurs, non seulement il nous faut adorer, et c’est essentiel, pour ne plus être asservis, mais plus encore il faut boire à cette coupe, celle de devenir si faible que je me fais serviteur de celui qui est faible ...

Seul le Christ au cœur transpercé, a accompli cela, sur la croix, se faisant « un » avec les larrons ; seul lui peut nous rendre serviteurs à sa suite.

Demandons-lui cette grâce de ne pas fuir devant notre faiblesse et la faiblesse de nos frères et sœurs pour être de véritables serviteurs, devant la faiblesse qui nous transforme en profondeur et nous fait crier vers le Père. Dans la foi tenons humblement debout comme des serviteurs qui lavent les pieds de leurs amis, qui traversent la souffrance dans la confiance en Dieu. Amen.

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