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      Mariage, sainteté, adultère et victoire de l’amour

Mariage, sainteté, adultère et victoire de l’amour

Homélie du 7 octobre par le Père Patrice Guerre sur le mariage : “Mariage, sainteté, adultère et victoire de l’amour”.
Dans cette homélie écrite le Père Patrice Guerre développe un point sur l’adultère non dit durant l’homélie (sur la fin du texte, paragraphe III).


Mariage et sainteté, adultère, victoire de l’amour.

Homélie du 7 octobre 2012.

Evangile selon Saint Marc 10, 2-16.

C’est avec joie que je commente cette page d’Evangile, sur la réalité si belle du mariage, mais aussi avec tremblement tant cet enjeu du mariage est important pour beaucoup d’entre vous et pour notre société.

En introduction, je dirai que le mariage est source d’épreuve et source de jubilation :

- Source d’épreuve :

Jésus lui-même est mis à l’épreuve par les pharisiens sur ce sujet nous dit le début de cette page d’Evangile ; c’est le même verbe que celui employé au début de l’Evangile dans le récit des tentations ou lors de l’agonie à Gethsémani ; Jésus est tenté, éprouvé devant cette réalité si grande du mariage indissoluble parce que proclamer le projet du Père à savoir s’aimer pour toujours en donnant sa vie le place devant la réalité du don libre de lui-même de sa chair jusqu’à verser son sang ; ce qu’il va dire l’implique, l’entraîne dans le don absolu de lui-même.

Et nous-mêmes sommes mis à l’épreuve  : le mariage met à l’épreuve notre orgueil, nos peurs, nos égoïsmes ; il est sujet de beaucoup de souffrances parfois dramatiques en nous et autour de nous et nous les présentons en cette messe au Seigneur.
Le mariage nous éprouve, nous passe au crible, nous donne de discerner, et nous accueillons cette épreuve comme le lieu de l’apprentissage de l’amour vrai, de l’amour-don, de l’amour qui nous fait passer de la mort à la vie.
Le mariage est aussi une épreuve pour tous ceux qui vivent un célibat non-choisi ; et en cette Eucharistie nous ne les oublions pas.

- Source de jubilation :

A l’autre bout de cette page d’Evangile que nous venons d’entendre Jésus se fâche demandant que l’on laisse les enfants venir à lui ; alors que les disciples l’ont à nouveau interrogé sur le mariage et la radicalité de ce qu’il a dit, il les invite à être comme des enfants, ce qui est le fruit de l’amour-don qui purifie nos cœurs ; c’est aussi en aimant jusqu’au bout dans le mariage qu’ainsi les enfants pourront aller à Lui …
Devant les cœurs d’enfants, Jésus jubile : « Père, je te rends grâce car tu te révèles aux tout-petits ! ». Le mariage est donc source de jubilation car il est l’école de la sainteté, l’école des enfants du Père.

Que disent les pharisiens du mariage ?

Les pharisiens ne sont justement pas comme des enfants, ils se chamaillent …
Jésus leur demande ce qu’a dit Moïse ; les pharisiens répondent en déformant la Parole de Dieu affirmant que Moïse a permis de renvoyer sa femme tout en lui donnant un acte de répudiation. En fait Moïse n’a jamais permis de renvoyer sa femme mais il dit à ceux qui ont le cœur dur : « Si vous le faîtes, donnez-lui un acte de répudiation » ; c’était pour la protéger car sans cela elle était complètement sans défense, considérée comme une prostituée …
En fait les juifs de l’époque, et cela est si actuel, se disputait pour définir ce qui permettait de renvoyer sa femme : cela allait de la souffrance de la stérilité au manque d’attirance et jusqu’au manque de talent pour faire la cuisine …
Deux écoles s’affrontaient : celle du Rabbin Hillel avec ce qualificatif faussement positif de « large d’esprit » à celle du Rabbin Shammaï plus rigoriste, tatillon et nous avons gardé jusqu’à aujourd’hui son souvenir par le verbe « se chamailler ».
Mais Jésus ne veut (et ne peut) s’enfermer dans ces discussions sans fin …

Que dit Jésus du mariage ?

3 étapes :

I) Le mariage, un acte créateur

Pour dire ce qu’est le mariage, Jésus commence par ces mots : « Au commencement … »
Jésus renvoie au projet du Père céleste ; s’il y a un commencement c’est qu’il y a un projet dans lequel Dieu s’engage de toutes ses forces, qui dit sa volonté ; projet que Jésus vient rejoindre ; et en raison du cœur dur, projet qu’il vient recréer, sauver.
Par l’acte du mariage le couple entre dans ce commencement ; et, de fait, l’expérience de l’amour vrai de l’homme et de femme leur fait s’écrier comme Adam : « Cette fois-ci c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! » :

• Cri d’émerveillement qui fait advenir pour la première fois le langage : l’amour nous constitue comme des personnes uniques.

• Cri très profond qui signifie que je suis aimé tel que je suis jusque dans ma chair, c’est-à-dire tout entier, jusque dans mes faiblesses et appelé à aimer ainsi : c’est une naissance à la vie, à la vie possible par cet accueil et ce choix unique que manifeste l’époux pour l’épouse et réciproquement dans une confiance irrévocable.

• Cri qui touche à la frontière de la vie puisque cette re-connaissance va permettre de participer à l’acte créateur ; par la sexualité qui est ce qu’il y a de plus divin tout en nous rendant terriblement humble.

Le mariage de l’homme et de la femme s’inscrit donc la création en y étant participant de telle sorte que le couple poursuit l’acte créateur ; et il n’est donc pas nécessaire d’être chrétien pour défendre le mariage en tant que tel ; car il s’inscrit par lui-même dans l’être-même de l’homme et de la femme.
Par la suite Dieu « espère » qu’en étant ainsi là, caché dans sa création, il se révèle au couple par la force et la beauté de son amour fécond comme la source de ce qu’ils sont et vivent.

II) Le mariage, un chemin vers l’unité

Autant la mère surtout, le père aussi dira de l’enfant qu’il est la chair de sa chair, chair dont il faut se séparer dit Dieu ; autant l’époux et l’épouse sont appelés à se dire : « voici la chair de ma chair », à devenir une seule chair : c’est un à-venir. Le mariage est donc un chemin.

Le mariage n’est pas célébré d’abord parce que l’on s’aime mais pour s’aimer, s’aimer davantage qu’au premier jour, s’aimer comme Dieu nous aime.

Benoît XVI : « Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation à Dieu avec son peuple et réciproquement ; la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain ».

C’est la vocation même du mariage que de nous apprendre à aimer ainsi.

Pour cela il faudra, et vous le savez, parler, prier et se pardonner, ces 3 verbes qui s’entrelacent et commençant par la lettre « p » permettent de faire des pas, petits parfois …

C’est sur ce chemin que le Christ notre frère (2° lecture) nous accompagne, invitant les couples à porter le joug ensemble, dans le lien conjugal, joug d’ordinaire porté par une seule bête ; en le portant ensemble, ils s’aident à porter les difficultés de la vie, en se rendant attentifs à aller au même rythme que l’autre sinon ils risquent de tourner en rond et de ne plus porter de fruits dans le sillon qu’ils tracent.

C’est là que les couples deviennent saints.

Le père Caffarel, grand précurseur de la spiritualité du mariage écrivait : « Il ne faut pas chercher la sainteté en dehors du mariage ; il n’y a pas de sainteté malgré le mariage ; la sainteté s’obtient dans le mariage ; et surtout dans le mariage ».

Cette sainteté « dit », révèle Dieu ; le concile Vatican II dont nous fêtons le 50° anniversaire a cette belle parole : « Les couples sont les instruments qui disent Dieu ».

Les juifs nous disent que le mari et l’épouse se disent en hébreu « ish » et « ishâ » et que les lettres manquantes à chacun de ces mots forment ensemble le nom même de Dieu : Yahvé …

Sur ce chemin le signe de la maturité se manifeste dans le fait de s’ouvrir à un « tiers » ; « Se marier c’est ne pas compter que sur ses propres forces … » ; pour les chrétiens cet « autre, », c’est le Christ en premier lieu ; s’il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour défendre le mariage, par contre les chrétiens savent qu’ils ont besoin de secours, plus encore que leur mariage a besoin de salut : non seulement pour protéger le mariage mais plus encore pour lui donner d’aller jusqu’à la perfection de l’amour.

Aussi je vous invite à présenter au Seigneur vos couples, et les couples qui vous entourent, avec toutes leurs parts de souffrances, de combats, d’espérance aussi …

Ce chemin est un chemin vers l’unité : « Qu’il soient un ! »
Cette unité n’est pas fusion mais communion, à l’image de la Trinité sainte : c’est là le projet de Dieu, rendre l’homme et la femme à son image, par leur « correspondance », leur altérité.

III) Le mariage, c’est accepter de mourir, ou le refus de l’adultère

Etre adulte, c’est accepter de mourir ; de donner sa vie.

Etre sexué c’est reconnaître que l’on est fait pour mourir car l’on ne peut se reproduire soi-même, n’étant pas hermaphrodite. Se marier, engendrer, c’est mettre au monde des enfants et tout en les faisant monter dans le train accepter de rester sur le quai de la gare.
L’amour ne peut être à lui-même sa propre fin ; sa nature propre s’oppose à cela puisqu’il est don, consistant à se dépasser, s’oublier ; sa fin est la vie de l’autre.

C’est là que Jésus réprouve l’adultère qui est un cri mal ajusté vers la vie, une vie que l’on prend en quête de reconnaissance.

L’adultère, pardonnez ce jeu de mot, c’est faire taire l’adulte, c’est refuser de mourir.

L’adultère qui est aussi dans le voyeurisme ou dans le désir d’être vu.
Il y a là un combat difficile, et très douloureux pour certains, qui exigent toutes nos forces à certains jours, et qui aussi nous fait crier vers Dieu pour qu’il nous sauve.

Etre adulte, se marier, c’est accepter de mourir pour donner la vie autour de soi, pour prendre la route de la vraie vie, pour entrer dans la vie éternelle : c’est là la victoire de l’amour ! C’est ce chemin que tous, mariés ou non, sommes appelés à prendre.

Pour conclure, prions !

Comment ne pas évoquer pour conclure le « mariage homosexuel » puisque le gouvernement cherche à le promulguer …
Vous comprenez que le refus du « mariage homosexuel » n’est pas d’abord une revendication chrétienne ; car cela touche le socle de la création et donc à la capacité d’accueillir une Vérité qui nous dépasse et nous permet de vivre ensemble par ce fait même ; le bien de toute la société est en jeu, en premier lieu des enfants de demain. Nous portons cette intention dans notre prière.

A la fin de cette eucharistie nous accueillerons la Vierge pèlerine qui nous bénira par ses visitations dans nos familles ; nous les lui confions.

Les services de la paroisse seront ensuite bénis : cet Evangile du mariage nous révèle aussi le projet de Dieu qui est l’Eglise appelée à être l’épouse du Christ ; puisse notre paroisse être fidèle à cet appel à être l’icône de l’Eglise, épouse du Christ.

En cette Eucharistie nous confions au Seigneur toutes les situations douloureuses que cet Evangile a pu réveiller en nous, toutes les personnes vivant de grandes souffrances, toutes nos familles et le projet de Dieu sur chaque couple, sur chaque personne et sur notre paroisse.

Que l’amour soit victorieux en chacune de nos vies !
Qu’en nos chairs blessées d’où s’écoule du sang, Jésus se joigne à nous pour nous sauver !

Amen !

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