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      Homélie pour la célébration des obsèques de Béatrice Doat.

Homélie pour la célébration des obsèques de Béatrice Doat.

Job 3,1-9 ;Jn 12,24-26

Toute vie est traversée par le mystère pascal ...


« Viens vers le Père » . Cette prière qui résonne en nous depuis notre baptême, Béatrice y a répondu vendredi soir dernier ; à l’heure de la croix ; là où le Christ l’a rejointe, lui qui a déposé son esprit entre les mains du Père. Béatrice aussi a pu dire : « Père en tes mains je remets mon esprit ».

La veille, le jeudi 11 octobre, je la rencontrai dans un dernier moment de lucidité ; et après lui avoir remis le pardon de tous ses péchés, comme elle le désirait, je l’encourageai à entrer dans l’année de la foi, ouverte en ce 11 octobre  ; avec elle nous sommes ainsi entrés dans l’année de la foi ; la foi qui est une traversée, de la mort à la vie, à la vie éternelle.

Le soir de ce jeudi 11 octobre, Béatrice et Jean-Pierre dans un moment « silencieux » et plein d’affection se disaient merci et « au revoir ». Puis elle rentra dans le sommeil.

Béatrice a vécu cette longue traversée qui va du jeudi saint au dimanche de Pâques, au long de sa vie ; nous en avons été témoins durant sa maladie ; c’est ce que les lectures choisies par sa famille nous disent ; plus largement toute vie est traversée par le mystère pascal ; Béatrice a vécu tout au long de sa vie de manière intense le jeudi saint, le vendredi saint, le samedi saint et le dimanche de Pâques … Elle s’est laissée rejoindre par le Christ qui vient là nous sauver ; elle s’est laissée sauver ; dans une grande profondeur et dans la vérité de son être.

Béatrice a vécu le jeudi saint : librement ce jour-là le Christ s’offre pour entrer dans sa Pâque désirée d’un grand désir ; là Béatrice s’est laissée rejoindre.

Le Christ au long de sa vie s’est fait bon pain pour ce jeudi saint, pour être donné, livré.
Béatrice a été ce bon pain dont parle l’Evangile qui a été choisi, ce grain de blé ; ce qui la caractérise en profondeur c’est justement sa bonté ; mais aussi sa discrétion (le pain l’est), sa simplicité, son sens du devoir qui est le signe du don de soi, sa décision de porter du fruit en se mariant et en devenant mère …
Le pain dit la bonté et le partage…
C’est le sens du jeudi saint et de ce jeudi ultime où elle entre librement dans la Vie ; nul doute que sa bonté, sa douceur, sa sensibilité, sa générosité, son amour pour les siens, lui ont donné d’entrer et de vivre ce jeudi saint jusqu’au bout, dans les larmes aussi comme le Christ au soir de son agonie, qui dit ainsi toute la vérité de son humanité.

Le vendredi saint :

 « Comme l’or au creuset, ils ont été éprouvés » nous dit la première lecture.
Béatrice a souffert, spécialement dans sa maladie.
Je voudrais vous citer quelques passages du très beau texte que le Pape Jean-Paul II a écrit sur la souffrance en 1984 (pour l’année de la Rédemption) car ces lignes nous font plonger dans ce qu’est la souffrance.
Il écrit : « La souffrance humaine inspire la compassion, elle inspire également le respect et, à sa manière, elle intimide. Car elle porte en elle la grandeur d’un mystère spécifique. Ce respect particulier pour toute souffrance humaine provient du besoin le plus profond du cœur comme aussi de l’impératif profond de la foi. »
Devant la souffrance de Béatrice nous avons été intimidés car nous étions devant un mystère, un combat, qui nous plaçait au plus profond de son cœur… Et c’est ainsi aujourd’hui encore que nous méditons sur sa souffrance.

Le Pape poursuit : « Au cœur de toute souffrance éprouvée par l’homme, et aussi à la base du monde entier des souffrances, apparaît inévitablement la question : pourquoi ? C’est une question sur la cause, la raison ; c’est en même temps une question sur le but (pour quoi ?) et, en définitive, sur le sens. »
Béatrice s’est beaucoup posée la question du « pourquoi » et plus encore du « pour quoi » se sentant inutile où ne comprenant pas … peut-être par un manque de confiance en elle, mais plus encore par une grande soif d’absolu, de recherche qui la dépassait, d’élan vers la Vie …

« Job (dit le Pape, commentant la lecture entendue) conteste la vérité du principe qui identifie la souffrance avec la punition du péché. Sa souffrance est celle d’un innocent ; elle doit être acceptée comme un mystère que l’intelligence de l’homme n’est pas en mesure de pénétrer à fond. ». Nous aussi nous étions devant ce mystère …

La seule porte vers la réponse est nous dit le Pape : « Le Christ qui s’est fait proche du monde de la souffrance humaine surtout en prenant sur lui-même cette souffrance. ». Béatrice dans sa grande foi s’est laissée rejoindre par le Christ.

Jean-Paul II poursuit : « Les témoins de la Croix et de la Résurrection étaient convaincus que « il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu ». Et Paul, écrivant aux Thessaloniciens, s’exprime ainsi : « Nous-mêmes sommes fiers de vous..., de votre constance et de votre foi dans toutes les persécutions et tribulations que vous supportez. Par là se manifeste le juste jugement de Dieu, où vous serez trouvés dignes du Royaume de Dieu pour lequel vous souffrez vous aussi ».

Ces paroles sont difficiles, déroutantes ; il nous faut passer par des tribulations ; nous y passons tous … C’est ce que Béatrice a traversé dans la constance et la foi ; et à la suite de Paul je voudrais dire avec force : « Béatrice, nous sommes fiers de vous ».

Oui, dit Jean-Paul II : « A travers les siècles et les générations humaines, on a constaté que dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l’homme du Christ, une grâce spéciale. »

Le samedi saint :

Le samedi saint est le jour du silence, de l’attente …
C’est le jour de la Vierge Marie.
Je voudrais ici souligner que Béatrice s’est laissée rejoindre par Marie, Mother Mary.
Tout à l’heure, après la communion, nous entendrons un très beau chant adressé à la Vierge Marie, qu’elle et Jean-Pierre aimaient écouter le soir, dans les moments difficiles, morceau de musique qui apaisait beaucoup Béatrice … et morceau important pour Jean-Pierre aussi je tenais à le partager.

Jean-Paul II écrit : « Il est réconfortant— et cela correspond à la vérité évangélique et historique — de noter qu’auprès du Christ, à la toute première place à côté de lui et bien en évidence, se trouve toujours sa très sainte Mère, car par toute sa vie elle rend un témoignage exemplaire à cet Evangile particulier de la souffrance. »

Le dimanche de Pâques :

« Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J’ai vaincu le monde » dit Jésus.

Nul doute que c’est la foi de Béatrice, foi en la résurrection, qui a « entrainé » la suite de ces jours, qui a été la lumière décisive pour « aller de l’avant », pour garder confiance.

« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu » dit la première lecture …
Béatrice est une grande croyante … Cédric nous le dira.

Jean-Pierre ma partagé l’importance des projets dans leur vie ; avec un mot très important qui est celui de l’envie ; que nous pouvons dire en deux mots : en vie …
Ils aimaient à se dire : « Celui qui regarde trop son passé rate son avenir … »
Ou encore : « Dans la vie il n’y a pas de solution : il y a des forces vives et avec ces forces vives on trouve des solutions … »
Des forces vives, cachées : celle de Dieu qui fait entrer dans la vie.

Pour conclure je voudrais m’adresser à nous tous, car cela nous concerne nous ici présents :

Je cite Jean-Paul II : « En suivant la parabole évangélique, on pourrait dire que la souffrance, présentant des visages si divers à travers le monde humain, s’y trouve également pour libérer dans 1’homme ses capacités d’aimer, très précisément ce don désintéressé du propre « moi » au profit d’autrui, de ceux qui souffrent. Le monde de la souffrance humaine ne cesse d’appeler, pour ainsi dire, un monde autre : celui de l’amour humain. »

Jean-Pierre et beaucoup d’entre nous avons grandi dans l’amour avec Béatrice, grâce à elle ; tout en restant pudique je vous partage avoir été témoin de la beauté d’un bel amour entre Béatrice et Jean-Pierre, spécialement en cette année ; cette traversée de Béatrice nous encourage à aimer davantage … Oui le grain de blé tombé en terre porte du fruit ; ouvrons nos cœurs à ce fruit, spécialement pour les siens, en cette messe, pour davantage aimer.

Amen.

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